Pourquoi pratiquer la méditation ?

Tout un courant contemporain, aux affluents multiples, pousse un nombre croissant d’Occidentaux vers cette réintériorisation devenue nécessaire pour rassembler une vie qui, sans elle, se disperserait et cesserait de s’appartenir. Beaucoup s’engagent dans la voie de la méditation, et encore plus sont tentés par elle.

Pourquoi devrions-nous pratiquer la méditation ?

Tout d’abord, depuis fort longtemps, l’homme occidental s’est détourné de la voie de l’intériorisation et a choisi une voie diamétralement opposée : la conquête du monde extérieur, dont les résultats sont si extraordinaires et spectaculaires qu’il en est venu à oublier les autres voies, telles que la méditation.

Bien sûr, cela n’a pas été immédiatement apparent. En quelques décennies, tant de maux ont été jugulés, tant de problèmes considérés auparavant comme insolubles ont été résolus (les famines, les épidémies, la mortalité infantile, l’amélioration des conditions de travail, etc.) qu’on pouvait légitimement penser venir à bout de ce qui restait encore de pénible et de douloureux dans la condition humaine. Dans un avenir relativement proche, on pensait vaincre la maladie, toutes les maladies, la vieillesse et peut-être même la mort…

Les conséquences du progrès peuvent nous amener à pratiquer la méditation

Mais ces lendemains tardaient bien à venir et l’on commença à se demander s’ils n’arriveraient jamais. Enfin, il fallut bien se rendre compte que le progrès n’était pas infini, qu’il ne pouvait pas l’être. Ses avantages réels entraînaient nécessairement quelques inconvénients et, passé un certain stade, les effets négatifs en arrivaient à l’emporter sur les effets positifs. La communication, améliorée par la technologie, n’est plus suffisantes. L’homme est frustré en couple.

De plus, on en arrivait à ne plus pouvoir suivre le rythme du progrès, de plus en plus rapide, ni à en profiter à cause des retombées. Ce mot en dit long. On a commencé à l’utiliser pour désigner les déchets radioactifs qui retombent sur terre après une explosion atomique et qui sont en quelque sorte les symboles des aspects négatifs de notre civilisation.

Le terme antibiotiques est également révélateur, désignant ces produits qui ont suscité le grand espoir d’éliminer la maladie, mais qui, étymologiquement, ne signifient rien d’autre que destructeurs de vie.

En réalité, ce qui est retombé, c’était l’enthousiasme aveugle. Attention, il ne faudrait pas en conclure que je veux prouver que le progrès est un mal en soi. Non, bien sûr, mais seulement qu’avec plus de prudence, plus d’objectivité, il ne peut être ni un bien absolu, comme on l’avait cru autrefois, ni un mal absolu comme voudraient nous le faire croire certains prophètes. En conséquence, il engendre nécessairement, en même temps que des résultats bénéfiques, certains effets néfastes, que certains sociologues contemporains appellent des « effets pervers ».

Dès lors, il est tout à fait évident qu’une innovation ne devrait être adoptée que si ses avantages présents dépassent largement ses inconvénients futurs, à condition évidemment d’évaluer ceux-ci au préalable. C’est dans ce sens que se trouve la solution, du moins sur le plan collectif.

La méditation : une nouvelle conscience

À l’horizon se lève l’aube de la nouvelle conscience. Beaucoup d’éléments l’annoncent. S’ils sont encore dispersés, ils ne peuvent que converger un jour. La science et la mystique cessent déjà de se tourner le dos. Aujourd’hui, la médecine étudie les techniques mystiques. Elle démontre que leurs effets ne sont pas du tout imaginaires. Une partie de la psychanalyse s’intéresse, de son côté, aux conséquences psychiques de la méditation.

Mais surtout, l’impétuosité du courant scientifique a fait craquer le cadre mental dans lequel la science s’est enfermée pendant si longtemps. Depuis que nous savons que la matière est un état de l’énergie, les conceptions matérialistes ne suffisent plus à expliquer les phénomènes. L’étroit rationalisme de la logique cartésienne est depuis longtemps dépassé. L’astrophysique et la physique découvrent, l’une, l’immensité de l’espace, l’infinité des mondes qui nous entourent de toutes parts, l’autre, dans l’espace intérieur, les structures subtiles de l’atome ; entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, elles reconnaissent d’étranges ressemblances.

Plus curieusement encore, de grands savants, dans leurs interprétations, en viennent à utiliser des concepts intellectuels très proches de ceux des philosophies orientales qu’ils ignorent cependant.

Mieux comprendre l’homme

L’idée que nous avions de l’être humain est en train de changer. Paradoxalement, l’éthologie, l’étude du comportement et du psychisme des animaux, joue un rôle plus révolutionnaire que les recherches sur l’homme lui-même. Grâce à de nombreux travaux scientifiques plus ou moins récents de Konrad Lorenz et de Niko Tinbergen, tous deux prix Nobel, nous commençons à mieux pénétrer les instincts profonds qui nous animent. Nous savons maintenant qu’ils expriment notre solidarité avec un monde animal qui fut si longtemps et si injustement rabaissé.

L’homme et l’animal cessent d’être séparés, dans la mesure où ils s’expliquent l’un par l’autre. De son côté, la jeune écologie nous fait redécouvrir l’interdépendance des espèces, les liens multiples qui unissent les individus, les mille interactions entre le milieu et l’être vivant.

Pour ces sciences nouvelles, l’individu ne peut être considéré en dehors de l’ensemble, ni l’ensemble séparé des individus. Il existe entre eux une interdépendance mutuelle.

Une profonde métamorphose

Quand toutes ces données, pour le moment éparses et cloisonnées par l’hyperspécialisation de notre temps, se rassembleront, nous nous trouverons face à une profonde métamorphose de l’esprit humain. Il faudra bien qu’à cette transformation du mental corresponde une transformation comparable au niveau spirituel qui, niée pendant si longtemps, est aujourd’hui en train de renaître. Il faudra bien qu’à la connaissance venue de l’extérieur corresponde l’expérience intérieure.

Un jour, nous nous retrouverons au carrefour où ce qui a divergé pendant des siècles se rejoindra finalement. Ce ne sera nullement un retour en arrière, une régression, mais un réel avancement, car ce point se trouvera situé plus haut sur la spirale de l’évolution.